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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/87

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l’est. Tel est le théorème littéraire que je me propose de démontrer.

Ce sera répondre ainsi à l’admiration exaltée de certains féticheurs de son talent, aux étonnements fiévreux de certains critiques, aux polémiques contradictoires de la presse, aux éloges outrés et aux colères singulières dont on l’accable. Je trouve qu’on lui fait trop d’honneur, ou pas assez, selon le point de vue critique où l’on devrait se placer pour le juger : trop d’honneur, si on prend au sérieux son rôle de chef d’école naturaliste, appelé à modifier l’axe littéraire de notre siècle et à influer sur ses mœurs générales ; et pas assez, si on le flétrit du titre d’inventeur d’un nouveau genre d’érotomanie. Il n’a pas assez de génie pour être le premier et trop de talent pour ne pas lui faire grâce du second.

« Il ne doit pas y avoir de dogme littéraire, écrit-il (Mes Haines, p. 98) ; la science du beau est une drôlerie inventée par les philosophes pour la grande hilarité des artistes. Jamais on n’obtiendra une vérité absolue en cette matière, parce que l’ensemble de toutes les vérités passées ne peut constituer qu’une vérité relative que viendra rendre fausse la vérité de demain. »

S’il n’existe pas de dogme littéraire, il existe des règles littéraires ; et si la vérité n’est pas absolue en littérature, elle est suffisamment souveraine pour imposer des droits