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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/88

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et des devoirs. La vérité de la veille ne sera jamais l’erreur et encore moins le mensonge de demain ; elle parle une autre langue, revêt un autre style, mais elle reste une, dans son être immuable, dans son immobilité éternelle : le bien, le beau, le vrai. L’art, sans être la science du beau, a pour objet d’exprimer, et autant que possible de populariser la splendeur du vrai intellectuel et moral ; il est l’expression du beau dans les formes sensibles de la création ; il rayonne dans la forme ; il est, comme dit Platon, la splendeur du vrai. Zola qui, pourtant, accepte comme dogme les lois de l’hérédité, dans sa Méthode expérimentale, et qui la nie avec autant de désinvolture dans ses critiques (Mes Haines, p. 98) : « La création qui se continue en nous change l’humanité à chaque heure » ne se doute pas qu’en traitant de drôlerie ces principes fondamentaux de l’art, il condamne son œuvre à l’hilarité des artistes. Pourquoi son art, son esthétique nouvelle, qu’il descend des hauteurs de l’idéal-beau jusque dans les bas-fonds de l’idéal-laid, serait-il moins drôle et moins hilare que l’art accepté et consacré par la longue tradition des siècles passés ? Il est bien l’homme de son village qui, n’ayant vu que le coq en fer-blanc de son clocher, tordu, rouillé, sans bec et sans crête, ne ressemblant plus à rien, le proclame néanmoins le premier coq du monde.