Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/90

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boue, le Dante de l’horrible, le de Sade des fangeux ; sa dépravation littéraire est presque un cas pathologique ; elle relève plus de la médecine que de la philosophie.

Quelques citations tirées de ses livres donneront mieux que moi le ton, la mesure et les qualités de sa philosophie : Mes Haines (p. 34, 38, 39) : « Le talent ne s’enseigne pas, il grandit dans le sens qui lui plaît… Mon art à moi est une négation de la société, une affirmation de l’individu, en dehors de toutes règles et de toutes nécessités sociales… Je me mets à part, je me grandis au-dessus des autres, je dédaigne sa justice et ses lois. — Nous allons tout droit à la mort. Le corps se dissout, l’esprit s’exalte : il y a détraquement de toute la machine. Les œuvres produites en arriveront à la démence. — J’ai dit que cette époque de transition me plaisait, que je goûtais une étrange joie à étudier nos fièvres. Parfois, cependant, il me prend des frayeurs à nous voir si frissonnants et si hagards. » (Pages 65-66) : « Tout mon être, mes sens et mon intelligence me portent à admirer l’œuvre excessive et fiévreuse que je vais analyser (Germinie Lacerteux). Je trouve en elle les défauts et les qualités qui me passionnent. — Mon goût, si l’on veut, est dépravé ; j’aime les ragoûts littéraires fortement épicés, les œuvres de décadence où une sorte de sensibilité maladive remplace la santé plantureuse des époques classiques.