Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/89

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Quand, en parlant du naturalisme de Zola, j’y adjoins le qualificatif philosophique, j’avoue qu’il m’est plus facile de l’écrire que de le justifier, car, bien qu’il prodigue dans ses livres, jusqu’à l’abus, tous les termes usités en philosophie, personne moins que lui peut-être n’en tire un sens plus fantaisiste et ne les cheville avec plus de maladresse. On dirait qu’ils ne sont là que comme un miroir pour attirer certains lecteurs, ou que comme un mannequin étrange pour en effrayer d’autres. La véritable raison de ce luxe de pacotille philosophique et scientifique est dans le besoin de faire croire qu’il a trouvé du nouveau ; il n’est pas assez naïf pour marcher dans l’ornière littéraire et pour s’embourber dans les pas de ses prédécesseurs, il suit et devance même son siècle ; le siècle est positiviste, matérialiste, socialiste, névrosiste…, il le sera davantage ; il lui servira dans le roman expérimental, dit scientifique, l’idéal du naturalisme, c’est-à-dire le beau dans le laid. Il est l’écrivain de ce siècle, son procédé a je ne sais quoi d’excessif qui accuse une exaltation morale voisine du déséquilibrement, et son style des brutalités et des ardeurs grossières qui dénoncent une névrose hystérique. Il trie, catalogue, classe, décrit, anatomise et analyse les ordures les plus vulgaires, les passions les plus boueuses et les vices les plus monstrueux ; il est l’Homère de là