Aller au contenu

Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature. Le romancier est un juge d’instruction (p. 10). — Le douteur est le vrai savant, le doute est le grand levier de la science » (p. 11).

Il me serait facile de multiplier des passages donnant, dans ses quarante volumes, la moelle philosophique de son système, plus riche en expressions sonores et vides que nouveaux en doctrine ; mais à quoi bon ? C’est l’éternel et verbeux rabâchage du matérialisme. Son douteur qui est le vrai savant n’est-il pas la parodie naturaliste du principe philosophique de Descartes : « Je pense, donc je suis. » — « Je doute, donc je sais. » — Ou encore : « J’ignore, donc je sais tout. » Réduire, par l’analyse expérimentale, l’immatériel au matériel ; assimiler leurs phénomènes aux mêmes causes, en un mot, les ramener au mécanisme général de la matière, n’est-ce pas voiler, sous l’étiquette de déterminisme ou de naturalisme, le système philosophique du matérialisme ? Le même déterminisme doit régir la pierre des chemins et le cerveau des hommes. Les lois fixes qui régissent les intérêts invariables de l’animal deviennent les lois mathématiques qui régissent la pensée et les actes, toujours variables, de l’homme.

Un savant arme la science d’un outil nouveau, la méthode expérimentale ; il essaie, sous le vocable du déterminisme, de franchir par le moyen de l’analyse le connu : la matière, et de faire irruption dans l’inconnu :