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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/96

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son système documentaire de philosophie, il faut le comparer à une toupie ronflante qui tourne, bondit et s’élance, d’autant plus vite et plus rapide, qu’elle est vide, entre les jambes ahuries et craintives de Taine, de Renan, de Littré, de Darwin, de Claude Bernard, etc. ; il n’a de philosophie que juste ce que sa toupie détache de poussière, en tournant, de leurs souliers. La philosophie est la science supérieure qui donne à l’autre son caractère moral ou immoral ; car il y a deux états d’esprit philosophiques ; l’état négatif qui nie Dieu et l’âme, d’où immoralité et vice ; et l’état positif qui les affirme, d’où morale et vertu. Une matière honnête ! Une machine vertueuse ! Soufflez l’âme, vous soufflez l’homme ; la morale tombe de ce dogme matérialiste, comme le fruit piqué d’un arbre sans sève. Ce qui m’étonne dans Zola, avec ses principes naturalistes, ce n’est pas son genre trivial, grossier, fangeux, et il a beau protester, immoral, ce serait le contraire qui m’étonnerait et me confondrait. Zola, écrivain moral, ce serait plus qu’une antithèse, ce serait une contradiction. Si parfois il a un regret, je n’ose écrire un remords, c’est d’avoir perdu son temps et son argent à écrire des galanteries anodines, dans les Contes à Ninon, une naïve parodie de la Confession d’un enfant du siècle, dans la Confession de Claude, un pastiche réaliste mais insuffisamment pimenté de Balzac, dans