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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/95

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chose que je ne peux accepter, c’est qu’il soit immoral. Jamais, en aucun siècle, on a autant abusé qu’au nôtre des méthodes, des systèmes et des formules pour placer, avec profit et sécurité, sa marchandise littéraire ; ce ne sont pas les méthodes qui font défaut, ce sont les principes. Si la science est en progrès, la philosophie est en décadence depuis qu’on la remorque au matérialisme scientifique et à la méthode expérimentale, à la suite de Bacon. Les philosophes spiritualistes ou idéalistes voulaient asseoir la philosophie sur les genoux de Dieu, ceux de notre temps les naturalistes, la veulent dans la rue et vautrée dans le ruisseau. Trop de spiritualisme et de naturalisme sont tous deux dangereux, mais à choisir, le premier s’accorde plus avec les aspirations de l’homme et le second favorise trop les intérêts de la brute. Il faut chercher la vérité ni si haut, ni si bas, et se bien convaincre que le naturalisme est le plus dangereux ennemi de tout ordre social, de toute liberté politique et de toute science sérieuse. Il vaut mieux croire à Dieu, à cet abstrait absolu du spiritualisme, que de croire à la bête humaine, cette nécessité cruelle du naturalisme, dont on ne se console qu’en croyant à l’âme humaine : la foi à l’une nous inspire de la charité pour l’autre.

Le résumé de ces considérations m’amène à conclure que, si on fait l’honneur à Zola de croire qu’il a voulu légèrement saupoudrer