Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/159

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À ta base, ô grand mont, tout s’agite et tout change ;
Les neiges et les fleurs s’y fondent sous nos pas ;
Mais tout peut s’écrouler dans notre humaine fange,
Ton sommet radieux ne s’abaissera pas.




IX

LE VOL DE L’AME


à mon ami saint-rené taillandier


I

L’ÂME.


Dans cet air sombre et lourd qui pèse sur nos villes ;
J’ai peine à soulever le fardeau de mon corps ;
Courbé sous les douleurs et les travaux serviles,
Quand j’aspire à monter, je tombe et je m’endors.

J’entrevois du chemin, en marchant sur la boue,
Le grand mont qui se dore au soleil printanier ;
Une chaîne éternelle, et qu’en vain je secoue,
Loin des sommets en fleur me retient prisonnier.

Pour fuir ce sol impur et l’odeur de nos tombes,
Pour m’approcher du ciel et goûter les beaux jours,