Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/197

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Aux arbres du chemin, chaque fois qu’il se penche,
Laissant fleurs et gazons pendus à chaque branche
Un autre, vide encor, s’arrête ; et les enfants
Assiégeant le timon y grimpent triomphants.
Appuyé sur le joug du taureau qui rumine,
Un robuste bouvier, jeune et de fière mine,
Dont la brune faneuse accuse le repos,
Sourit nonchalamment à ses joyeux propos.
Bientôt, parmi les cris, la joie universelle,
Le gerbier tout entier sur le char s’amoncelle ;
Tant la gaîté rustique aux lèvres de corail
Sait abréger la peine et doubler le travail.

Toi, qui fuis ces labeurs que la sagesse envie,
Pourquoi, sans t’arrêter, passer devant la vie,
Voyageur poursuivi par ton rêve importun,
Et refuser ta part dans le bonheur commun ?


BERTHE.

Nouez les ronces aux charmilles

Et l’aubépine à l’églantier ;
Tendez vos rets, ô jeunes filles,
Entre les buissons du sentier.
À ce bel étranger morose
Qui voit les fleurs sans les cueillir,
Fermez, d’une chaîne de rose,

Le chemin qu’il prend pour nous fuir.


FRANTZ.

Au rossignol chanteur préparez une cage,
Tressez pour l’enfermer le jonc et le glaïeul ;