Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/229

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Et le glaive en ton cœur de mère
Comme au mien plongera sept fois


SAINTE VICTOIRE.

La vie en fleurs m’offrit ses plus chères délices.
Quand tout me souriait, jeunesse, honneurs, beauté,
J’ai des mornes prisons choisi la volupté ;
J’ai pris Dieu pour époux, dans l’horreur des supplices.

Plus cruels à mon cœur que le fer et le feu,
J’ai subi les assauts de deux amours contraires :
Ma foi m’a fait trembler pour mon père et mes frères.
J’ai vu ceux que j’aimais ennemis de mon Dieu.

Mais le ciel m’a rendu ma maison douce et calme ;
Mon sang a racheté tous ceux que j’ai chéris ;
Dans le salut des miens j’en ai reçu le prix…
Je te lègue, à présent, mon martyre et ma palme.


SAINTE THÉRÈSE.

Dans un corps admiré cacher un cœur de flammes,
Comme un brasier trop plein sous l’or de l’encensoir,
C’est un don périlleux… tu peux le recevoir !
Tu seras belle et pure entre toutes les femmes.

Car le feu dont ta grâce embrasera les âmes
Consume en ses ardeurs tout criminel espoir ;
Qui te chérit s’enchaîne aux rigueurs du devoir,
Il apprend à servir le Dieu que tu proclames.