Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/238

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L’ange qui m’entraînait sur ses ailes de flamme
Avait ces yeux, ce front, ces lèvres, cette voix…
La rencontrai-je, enfin, cette sœur de mon âme,
Tardive Béatrix, est-ce vous que je vois ?

Venez-vous me ravir, éperdu, sur les cimes
De ce chaste idéal objet de mon tourment ;
M’apportez-vous la fleur des voluptés sublimes
Que je veux respirer jusqu’à l’enivrement ?


ROSA.

Au nom des promesses divines
Je viens pour t’aider à souffrir ;
Ma tendre couronne d’épines
Est la fleur que je dois t’offrir.

De mon front qui saigne et se penche,
Pour la partager si tu veux,
J’en vais détacher une branche
Et l’enlacer à tes cheveux.

Le Dieu clément qui nous l’impose,
Pour des jours bientôt révolus.
De chaque dard fait une rose
Et la fixe au front des élus.


KONRAD.

Donne-moi, donne-moi ce pâle diadème,
La ronce aux mille dards dont ta chair a saigné ;