Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/242

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Dieu ne m’a pas donné ces fruits d’or, ces prés verts,
Pour n’être pas cueillis, pour demeurer déserts.
À mes jardins il faut des hôtes.
Épuisez-moi, d’abord, de mes dons les meilleurs ;
Puis, s’il est une voix qui vous invite ailleurs,
Partez pour des sphères plus hautes.


LES FLEURS DES BOIS.

Venez ! voici, dans nos bois,
Les beaux mois
Où l’on aime, où l’on médite.
Dieu, qui répand sur nos fleurs
Leurs couleurs.
Dieu veut que l’on nous visite.

Venez ! la rose, aujourd’hui,
Meurt d’ennui,
Sur le buisson qui l’enchaîne,
De n’ouïr que les ruisseaux,
Les oiseaux,
Ou la voix grave du chêne.

Comme elle aurait de plaisir
À saisir.
En frémissant sur sa tige,
Un souffle, au moins, plus vivant
Que le vent,
Votre haleine qui voltige.

Elle aspire à recevoir,
Pour ce soir,