Éclairant, tout à coup, des sphères de mon âme
Où le soleil encor n’avait pas pénétré.
Béatrix, ô lumière, à toi de me conduire !
Ne me retire pas ce rayon qui m’a lui ;
C’est par l’échelle d’or de ton pieux sourire
Que Dieu descend vers moi, que je monte vers lui.
Ton cœur a trouvé des paroles
Qui m’étreignent comme un lien ;
Je sens d’ardentes auréoles
Enlacer ton front et le mien.
À travers cette ivresse austère,
J’ai possédé, dans un moment,
De quoi répandre sur la terre
Un siècle de ravissement.
À qui voit ton âme profonde,
À qui t’aima sur ces sommets,
Va, tous les amours de ce monde
Sont impossibles désormais.
Après ce jour tout autre est vide !
Je veux, quel que soit l’avenir,
Comme au fond d’une Thébaïde,
M’enfermer dans ce souvenir.
L’aumône seule et la prière
Auront accès dans ce saint lieu ;