Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/252

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Elle a rendu meilleurs tous ceux qui l’ont aimée ;
Et rien qu’en l’écoutant, sans vivre sous sa loi,
En respirant de loin cette rose embaumée,
L’âme s’ouvre à sa grâce et désire la foi.

Son sourire a brillé sur mes doutes funèbres.
Frappant le noir essaim, comme un rayon vainqueur,
Ce soleil a chassé les oiseaux de ténèbres,
Et l’aube du vrai jour se lève dans mon cœur.

Je vois mes horizons et mes regards s’étendre ;
Un glaive mieux trempé s’affermit sous mes doigts ;
Plus fort dans mes périls, je reste aussi plus tendre,
Et sais mieux me donner, partout où je me dois !

Quand elle sent mon cœur qui gronde et qui déborde,
Elle en calme les flots, mais sans lutter contre eux ;
Elle sait diriger, en sa miséricorde,
Ce trop-plein de l’amour sur tous les malheureux.

Va, mon cœur et mes sens te resteront dociles ;
Guide-moi vers ton ciel, à travers cent combats ;
Montre-moi le chemin des vertus difficiles
Et dont la récompense est ailleurs qu’ici-bas.

Près d’une autre que toi, cette soif qui m’altère,
Dans un oubli moins pur et moins audacieux,
Eût imploré l’ivresse et le miel de la terre,
Mais à toi, Béatrix, on demande les cieux.

Le dieu que l’on poursuit à travers toute femme,
L’Éternel invisible à mes yeux s’est montré,