Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/266

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Dans sa pensée où je m’élance,
Tous deux nous nous enveloppons ;
Là, du fond de notre silence,
Je te parle et tu me réponds.

Sens-tu comme je suis mêlée
À chaque goutte de tes pleurs ;
Combien ma pauvre âme est troublée
Du moindre écho de tes douleurs ?

Dans l’air qui passe et que j’aspire
J’ai reconnu ton souffle pur ;
J’aperçois encor ton sourire
Rayonner vers moi dans l’azur.

Ton regard, au loin, me pénètre ;
Et, dans ce muet entretien,
Je sens palpiter tout mon être
D’un léger battement du tien.

Au delà du temps qu’il dépasse,
Mon amour te suit en tout lieu ;
Il reflue à travers l’espace ;
Il n’a d’autres bornes que Dieu.

Il est ma force et ma faiblesse ;
Je vois le piège qu’il me tend ;
Il m’attire et son trait me blesse ;
J’y succombe en lui résistant.

C’est le calice expiatoire,
C’est le combat selon mes vœux,