Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/31

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Ton aspect a des dieux la grâce et la fierté,
Ô mon bel inconnu ! mais aussi leur mystère.
Tes doux regards, souvent mêlés d’éclairs austères,
M’apportent la tristesse avec la volupté.

Quel enivrant parfum autour de toi voltige !
Hier, tu m’offris des fleurs aux étranges contours ;
Des signes merveilleux sont peints sur leur velours,
Et, quand je les respire, il me vient un vertige.

Tu m’as parlé souvent d’une terre aux fruits d’or ;
Tu voudrais la revoir et l’habiter ensemble ;
Je suis prête à t’y suivre… et malgré moi je tremble.
Sous l’aubépine en fleur, ami, restons encor.

Je veux cueillir encor les genêts de nos landes ;
Laisse-moi du vieux temple en orner les piliers,
Et, des fleurs du pays, achever ces guirlandes
Que j’ai fait vœu d’offrir à nos dieux familiers.


chœur des fées.

Dans l’aube où nous régnons bienheureux qui sommeille !
Dénoue avec lenteur notre écharpe vermeille.
Et garde un voile encor sur ton front ingénu.
Que l’innocent réveil du printemps qui se lève
Ressemble encore au rêve
Où ton âme entrevit le céleste inconnu.

Fais durer longuement la saison des prémices :
Les jours y sont pareils, mais tous ont leurs délices.
Vos heures passeront comme un groupe de sœurs :