Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/34

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Et l’air brûlant de ces rivages…
Marchons toujours vers le soleil.

Vois-tu la grenade et l’orange ;
Vois-tu ces fruits à forme étrange
Rouler autour de nos pieds nus ?
Cueillons-les ! et, plus loin encore,
Cherchons, aux lieux d’où vient l’aurore,
Des enivrements inconnus.


les roses.

Le soleil a bu dans la rose
Les pleurs dont le matin l’arrose ;
Il enlève aux boutons charmants
Le poids de leurs frais diamants.

Mille fleurs, heureuses d’éclore,
S’ouvrent au feu qui les colore ;
Un zéphir passe et fait larcin
Des parfums cachés dans leur sein.

Il s’en va partout les répandre,
Ces parfums qui font le cœur tendre ;
Avec lui l’enivrant poison
Vole aux deux bouts de l’horizon.

Il n’est au loin, sous la verdure,
Une âme si fière et si dure
Où l’amour, en sa folle ardeur,
N’entre avec la subtile odeur.