Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/35

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Si tu ne veux qu’elle t’enivre,
Il ne faut respirer ni vivre ;
Il faut fuir l’odeur du rosier
Et son poëte au doux gosier.

Fuis cet air que l’été respire ;
Fuis cette chanson qu’il soupire ;
Fuis vers ces monts toujours couverts
Du neigeux manteau des hivers.


adah.

Pour vous, ô mon frère, ô mon maître !
J’abandonne, à jamais peut-être,
Ma mère et nos dieux offensés.
Je vais, dans mon idolâtrie.
Sans nom, sans autel, sans patrie…
Mais si tu m’aimes, c’est assez.

Le bonheur dont ta voix m’inonde
Me paierait la perte d’un monde.
Ton regard ouvre au mien les cieux ;
Si sa clarté m’était ravie,
Je donnerais toute une vie
Pour un seul éclair de tes yeux.

Vois le ciel, la mer qui flamboie :
Entends ces oiseaux dans leur joie :
Respire à flots l’air embaumé.
Goûtons ces splendeurs infinies.