Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/77

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Circule sourdement de ton âme à tes os,
Et Dieu l’attise encore.

Tout croule autour de toi ! rien qui fasse espérer ;
L’antique foi succombe.
L’air du siècle où tu vis est triste à respirer
Comme une odeur de tombe.

Toute vie est douleur ; tout gémit ici-bas,
La nature et toi-même.
Connais-tu des échos où ne raisonnent pas
La plainte et le blasphème ?

Pleure sur ce qui meurt et sur ce qui grandit ;
C’est ta loi ; pleure, ô maître !
Et lance l’anathème à ce monde maudit,
À Dieu qui t’a fait naître.


II



C’est ainsi qu’il entend, au coucher du soleil,
Parler ses passions et les échos du monde ;
Mais bientôt, en lui-même, une voix plus profonde
Oppose au désespoir un plus ferme conseil :

Oui, si j’écoute en moi les sens et la nature,
Tout ce qui doit finir,
Je pleure et je maudis, ou du moins je murmure,
Quand je devrais bénir.