Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/90

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De mes bords chérissant la zone,

Les arbres croissent par milliers ;
Le merle bleu siffle sur l’aune,
Le vent berce les peupliers.

Toute chose que Dieu féconde,
Prête à chanter, prête à fleurir,
Aime le vif accent de l’onde,
Aime à voir le ruisseau courir.

Quand de la ruche printanière
L’essaim s’est échappé dans l’air,
Il vole, au bruit de la rivière,
Vers le frêne au feuillage clair.

Ma rive a d’heureuses retraites
Où s’échangent de longs serments ;
J’y couvre sous mes voix discrètes
Les douces plaintes des amants.

La génisse, au bruit de sa cloche,
Conduit vers moi de gais troupeaux.
En chantant le berger s’approche
Et prend sa flûte à mes roseaux.

C’est moi qui fais tourner la roue
Du meunier conteur et malin.
Ma voix l’accompagne et se joue
Au joyeux tic-tac du moulin.

À vos travaux je m’associe :

Je bats le fer du forgeron ;