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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/190

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C’est le germe des fleurs dont l’été peint sa robe,
Le souffle lumineux dont l’espace est rempli.

Dans l’univers, à flots elle s’est élancée ;
Et, sur la terre, elle a son siège en ta pensée,
Homme, sa voix te parle à toute heure, en tout lieu ;
Toi seul peux librement l’aimer et t’y soumettre ;
De l’aveugle matière elle te rend le maître ;
La nature obéit, car la raison c’est Dieu.


III

Va donc, esprit humain, dans cette arène immense,
Dieu même en toi soutient la lutte qui commence ;
A ton tour, imitant l’œuvre de ton auteur,
O fils semblable à lui, tu seras créateur !
Mais lui seul est sans borne en sa toute-puissance ;
Tu n’enfanteras rien qu’à force de souffrance,
Tu devras lentement prendre à Dieu ses secrets.
Patience et douleur, c’est la loi du progrès.

Ah ! que la terre a bu de sueurs et de larmes,
Depuis l’heure où contre elle un homme a pris les armes ;
Où ses chênes, vaincus pour la première fois,
Ont fait place aux cités qui germaient sous les bois ;
Où, du fer tout récent chargeant nos mains craintives,
La hache a fait trembler les forêts primitives,
Et de leur temple obscur crevé l’épais rideau ;
Où les leviers ont pu mouvoir le lourd far