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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Si ce jour-là je vous embrasse,
Dorés, brûlés par le soleil ;
Et si vous rentrez à la classe
L’œil brillant et le teint vermeil ;

Si le sang, plus pur dans vos veines,
Échauffe des cœurs plus ardents ;
Si vos lèvres sont toutes pleines
De joyeux récits débordants ;

Si, dans vos jeux, dans vos querelles,
Aux yeux du vaincu, du vainqueur,
Je vois jaillir ces étincelles
Qui promettent l’homme de cœur ;

Pour vous faire une âme plus pure,
Un cœur sans haine et sans effroi,
Si là-haut la grande nature
Fut un meilleur maître que moi…

Libre, alors, de l’inquiétude
Dont ces longs jours sont obsédés,
Je bénirai ma solitude
Et Dieu qui vous aura gardés.


Septembre 1873.