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LA RUCHE.


La troupe, un moment indécise,
À l’appel des mille senteurs
Hésite, et chacun à sa guise
Choisit la plaine ou les hauteurs ;

Là-bas, vole aux vignes prochaines,
Dans ces petits enclos charmants,
Vers ses longs prés bordés de chênes,
Vers les bluets, dans les froments ;

Ou là-haut, parmi les genièvres,
Les sorbiers, les pins résineux,
Vers le cytise aimé des chèvres,
Vers ces grands rochers lumineux.

La place exprès semble choisie ;
On a deux mondes à la fois
Pour promener sa fantaisie…
On a les hameaux ou les bois.

On y peut, à pleines corbeilles,
Aux fleurs, aux fruits les plus divers,
Vieux poète et jeunes abeilles,
Cueillir ou son miel ou ses vers.


II


C’est là, sur le sol des ancêtres,
Devant cet immense horizon,