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PERNETTE.

Tous, jusqu’aux amoureux, faisaient faïence nette.

Et la veuve louait, avec juste raison,
L’art de sa belle-fille à tenir la maison,
Le repas bien dressé, les recettes savantes,
Le ton respectueux des dociles servantes,
Le linge éblouissant, la salle toute en fleurs,
Les meubles, les rideaux de si fraîches couleurs,
Et, chacun à l’envi flattant la jeune reine,
Ajoutait un éloge à ceux de Madeleine.

Et le sage pasteur répondit doucement,
Afin que cette fête eût son enseignement.

« Il faut tenir paré le logis de famille ;
C’est l’œuvre de l’épouse et de la jeune fille.
L’homme à ses durs labeurs reviendra plus dispos,
Si dans l’ordre et la grâce il a pris son repos ;
Si de frais vêtements, la table bien pourvue,
Ont réparé sa force et réjoui sa vue ;
Si, par les soins discrets et le riant accueil,
La modeste maison lui sourit dès le seuil.
Voyez nos champs, nos bois ! Comme la Providence
Près de l’utilité mit partout l’élégance,
Et, sans nuire aux doux fruits du travail de vos mains,
Comme elle orna de fleurs le séjour des humains !
Ainsi, prêtant son charme au foyer domestique,
Un art peut embellir le toit le plus rustique,
Et Dieu garde au moins riche un merveilleux trésor
La sainte propreté qui change tout en or. »

Le dessert finissait ; déjà, sur la terrasse,