C’est là qu’enfin Psyché vécut son premier jour
Tant qu’avec l’innocence elle garda l’amour.
Comme en un lit joyeux de fleurs et de rosée,
Par le souffle divin l’âme y fut déposée,
Et, près d’elle, éveillés dans l’herbe de ce sol,
Du bord de son berceau mes chants prendront leur vol.
Mais au seuil de ton œuvre inscris donc la prière,
Et dis, en commençant, d’où te vient la lumière,
O poète ! malheur aux hymnes qui naîtront
Sans que le nom d’un Dieu soit gravé sur leur front !
Je sais, au Ciel, trois sœurs qui, les mains enlacées,
Font jaillir sous leurs pas l’or des bonnes pensées ;
La Grèce en adora les corps chastes et nus,
Beaux vases qui cachaient des parfums inconnus.
C’est vous ! entre vos bras je m’abandonne, ô Grâces !
C’est vous qui vers le but portez les âmes lasses ;
Vous par qui les présents de Dieu nous sont comptés,
Vous qu’on appelle mieux du nom de Charités.
Par vous, de l’homme au Ciel et du Ciel à la terre,
Se fait d’un double amour l’échange salutaire ;
Le cœur vous doit son aile, et l’esprit son flambeau ;
Sans vous tout homme hésite incapable du beau.
La Sagesse avec vous n’a jamais le front triste ;
L’œuvre abonde et sourit sous les doigts de l’artiste.
Grâces, en qui j’ai foi, saintes filles de Dieu,
Touchez, touchez mon front de vos lèvres de feu.
Ah ! l’inspiration n’appartient à personne,
Pas plus qu’à ce rameau, dont la feuille résonne,
Le vent qui le caresse et qui le fait chanter ;
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