Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/299

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C’est pourquoi je le hais ! sa chute me console ;
J’aime, quand, fiers vengeurs de mille maux soufferts,
Les Gaulois ou les Francs, maîtres du Capitole,
Lui font sentir la honte et l’accablent de fers.

Toi, tu nous fais chérir ton empire et nos maîtres ;
Pareille à ces chanteurs par les dieux visités.
Dont la paisible voix subjugait tous les êtres
Et qui, la lyre en main, bâtissaient leurs cités ;

Ton règne est immortel et n’a rien de farouche.
Les peuples sous ton joug se courbent sans effroi :
C’est la chaine d’or pur que, des mots de sa bouche,
Ton divin Périclès savait forger pour toi.

C’est le joug que Pallas fait peser sur les sages,
Que nous tresse la Muse en lauriers toujours verts ;
La chaine dont Cypris, debout sur tes rivages,
En nouant ses cheveux enlace l’Univers.

Ne crains pas que jamais le temps te fasse injure,
Qu’une main à la tienne enlève son flambeau,
Qu’effaçant ta déesse une beauté plus pure
Jaillisse de la mer dans un monde nouveau.

Là-bas, à l’Occident, une race commence
Fière de sa richesse et de ses arts nombreux ;
Les peuples fourmillants sur cette terre immense
S’engraisseront en paix dans leurs labeurs heureux.

Mais quand l’esprit humain, résumant son histoire,
Jugera les cités, leurs combats, leurs travaux,