Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/300

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Tes annales d’un jour contiendront plus de gloire
Que mille ans de ce peuple et des mondes rivaux.

Car tu fus la beauté, la jeunesse, l’aurore,
L’héroïsme joyeux qui meurt en souriant :
L’humanité, sans toi, sommeillerait encore
Dans les langes obscurs où veillit l’Orient.

Toi qui portes la lyre avec le caducée,
Tu nous as donné tout, peuple inventeur du feu,
Le libre mouvement et la libre pensée,
L’invincible vouloir qui font de l’homme un dieu.

À chacun de ses pieds tu mis une aile agile
Et Psyché s’envola d’un immortel essor.
Le Dieu de la nature, ébauché dans l’argile,
Ton ciseau l’a fini dans le marbre et dans l’or.

Socrate et Phidias, statuaires sublimes,
À l’œuvre de sa forme appliqués tour à tour,
Des visibles beautés et des beautés intimes
Fixèrent à jamais le lumineux contour.

Puissent-ils, et Platon et Sophocle lui-même
Et tout le cercle heureux de tes riants vieillards,
Pencher leurs fronts divins sur mon humble poème
Et l’immortaliser d’un seul de leurs regards !

Tel, après la bataille, assis devant sa tente,
Vidant sa coupe d’or, un guerrier triomphant
Voit ses lourds javelots, sa cuirasse éclatante
Qu’essaye avec effort son téméraire enfant.