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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/32

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Qui d’ailleurs oserait le peindre en ton langage,
Ne tracerait de lui qu’une infidèle image.
Tu ne comprendrais pas son nom mystérieux…
Et ce que nous voyons n’est pas fait pour tes yeux. »


PSYCHÉ

« Sans ôter pleinement le voile à sa nature,
Dites-moi qu’il est beau, que sa jeune figure
Peut d’une ombre douteuse écarter le secours ;
Que son regard est tendre ainsi que ses discours ;
Et que la nuit est bonne, et qu’au fond des ténèbres
Ne glisse autour de vous nul spectre aux pieds funèbres ;
Que ce monde est pour moi peuplé d’êtres amis ;
Que l’époux m’aime enfin, comme il me l’a promis ;
Qu’il ne me berça pas d’une ivresse illusoire.
J’ai besoin de bonheur : je suis prête à vous croire ! »


CHŒUR INVISIBLE.

« En ces lieux que l’époux gouverne sans rival,
Le soleil quelque part t’a-t-il montré le mal ?
La même âme régit la nuit et la lumière.
Tu viens d’interroger les hôtes de la terre ;
As-tu trouvé chez eux doute, amertume, effroi ?
Est-ce un peuple incertain de l’amour de son roi ?

Psyché recueille ainsi les chansons dispersées,
Et respire avec l’air de sereines pensées.
La nature paisible et dans sa fraîche fleur,
Verse le calme en elle et l’invite au bonheur ;
Et l’enfant, de sa bouche acceptant l’espérance,