Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/33

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— Tant le premier amour est plein de confiance, —
Par des nœuds éternels sentit son cœur lié,
Et l’effroi d’un moment fut bien vite oublié.

Chaque jour se passait aux longues rêveries,
Aux bains des lacs, aux fruits des vergers, aux prairies,
À la danse, au sommeil, à ce divin concert,
Qu’avec l’homme amoureux font les voix du désert ;
À réveiller l’écho des grottes endormies,
À redire aux oiseaux, aux gazelles amies
Et ses songes d’amante, et même, aveu plus doux,
Les secrets de la couche et les mots de l’époux.
Chaque nuit ramenait, dès les premières ombres,
Glissant comme un vent frais sous les portiques sombres
L’époux mystérieux, et jadis effrayant,
Qu’on implore aujourd’hui d’un cœur impatient :
Mais après chaque nuit, si remplie et si brève,
Du lit aux cent baisers, il fuyait comme un rêve.