Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/39

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Ni dans l’or et l’onyx les breuvages trouvés,
Ni l’acier des miroirs, ni la lyre d’ivoire,
Rien ne distrait l’enfant de sa tristesse noire ;
Et ses pas, tour à tour lents ou précipités,
Trahissent de son cœur les rêves agités.

Sur les marbres secrets d’une salle lointaine,
Qu’en ses jours de bonheur, elle approchait à peine,
— D’où venait un tel don, nouveau, mvstérieux ? » —
Une lampe, un poignard, se trouvent sous ses yeux.
Elle s’arrête, et croit ouïr dans le silence :
« Ta main peut conquérir la force et la science. »
De ces seuls mots jetés tout son être a frémi,
Ces murs ont-ils couvert les pas d’un ennemi !
Est-ce un instinct fatal dont la voix parle en elle ?
Un sombre esprit, chez nous funeste sentinelle,
Pousse-t-il l’âme au mal, jaloux de son bonheur,
Ou l’homme n’a-t-il d’autre ennemi que son cœur ?…
Mais Psyché, tout entière au désir qui l’obsède,
Laisse la voix monter, et l’écoute, et lui cède :
Et, dans un lieu caché, pour s’en armer plus tard,
Pose, hélas ! en tremblant, la lampe et le poignard.

Le chant accoutumé, suivi des odeurs pures ;
Pénètre avec le soir sous les voûtes obscures ;
De l’époux qui descend c’est l’amoureux signal ;
Il ramène Psyché vers le lit nuptial.


CHŒUR INVISIBLE.

« Voici la nuit portant sur ses ailes paisibles
La rosée et l’amour tous les deux invisibles,