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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/67

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LE FLEUVE.

« Plonge-toi dans mon sein, mais non pour y mourir.
Viens, et fuis cette terre où l’on te fait souffrir.
Moi-même te berçant sur mes flots, si tu nages,
Je te dirigerai vers de meilleurs rivages.
Pour que de l’esclavage un dieu t’aide à sortir,
Au travail de la vie il te faut consentir.
Espère en nous. Les eaux et les plantes sont bonnes.
Mais que faire pour toi, si toi tu t’abandonnes ?
Viens, enfant, nous t’aimons ; un esprit jeune et doux
Nous invite vers toi… Souvent il parle en nous !


LES ROSEAUX.

« Entre l’œil du chasseur et les oiseaux leurs hôtes,
Joncs, roseaux et glaïeuls lèvent leurs tiges hautes,
Viens, si l’on te poursuit, viens dans nos verts remparts
Epaissis sur ton front, à l’abri des regards. »


LES SAULES.

« Marche et nage à nos pieds ; les longs rameaux des saules
Des rayons de midi défendront tes épaules.
Près de nous l’herbe est molle, et tu pourras, le soir,
Tout danger disparu, dans le sommeil t’asseoir.
Pour ta faim le miel vierge en nos troncs creux abonde ;
Le lotus à côté penche ses fruits sur l’onde.
Pour ta soif de grands lis, dans l’ivoire et dans l’or,
De la pure rosée ont gardé le trésor.
Viens ; nous avons pour toi la nourriture et l’ombre. »