Il atteint chaque soir le bout de l’univers,
Et Téthys l’y reçoit dans ses grands palais verts.
Sur la pourpre changeante où le dieu se repose,
Les Nymphes de la mer lavent ses pieds de rose ;
Et la déesse, après le festin partagé,
L’enivre d’un sommeil par l’amour prolongé.
Le méchant, ô Phcebus, craint tes flèches hardies !
Sonore et lumineux, les saintes mélodies
Et les rayons à flots s’épanchent sous tes doigts.
Le temps ne peut tarir ton luth ni ton carquois.
Les Nymphes, les Sylvains, les Muses et les Grâces,
La forêt et les vents se meuvent sur tes traces ;
Tous les pas cadencés sont réglés par tes chants ;
Le cygne et la cigale et l’onde aux pleurs touchants,
Tout être harmonieux qui danse ou qui murmure
A connu par toi seul le mode et la mesure.
Quand, las de visiter le temple des humains,
L’Olympe te revoit, les dieux battent des mains :
Latone avec fierté te donne ses caresses ;
Junon même sourit, et les jeunes déesses
Rêvent à la douceur de ton lit embaumé.
Mais tu t’assieds auprès de Jupiter charmé ;
Tu chantes, et les dieux retenant leurs haleines
Négligent du nectar les coupes encor pleines,
Et le chœur des heureux, à ta voix transporté,
Par toi sent mieux le prix de l’immortalité.
Chacun fait aux humains des présents plus splendides ;
Téthys offre la perle aux plongeurs intrépides ;
Cérès, du pur froment, verse à flots le trésor ;
Et la blanche Aphrodite aux longues tresses d’or,
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