Rougissant de bonheur, laisse de sa ceinture
Tomber plus de désir sur toute la nature.
Dieu des chars rayonnant, dieu de l’arc et du luth,
Dieu rapide, dieu beau, dieu des chansons, salut !
Après Phœbus chanté, l’hymne agile et sonore
De la terre à l’Olympe erra longtemps encore,
Cueillant les grands accords, les tableaux éclatants
Dans les mille contours de l’espace et du temps,
Et venant, sa vendange une fois réunie,
Des choses sous ses doigts exprimer l’harmonie.
Elle dit les climats, les lois, les mœurs, les dieux,
Les secrètes vertus des races et des lieux,
Les terres d’Orient, l’Inde à Bacchus soumise,
L’Atlantide lointaine aux pilotes promise,
Les navires cherchant les jardins d’Hespérus,
Des vieilles nations les berceaux parcourus,
Babylone, Memphis de mystère entourées,
Et du fleuve Egyptus les sources ignorées.
Puis l’âge d’or, la paix régnant aux anciens jours,
Et les dieux recherchant de terrestres amours ;
Et d’un bonheur passé la merveilleuse histoire
Dont chaque peuple encore a gardé la mémoire ;
L’urne pleine de maux, présent de Jupiter,
Et la main de Pandore ouvrant l’âge de fer ;
Les agresseurs du ciel que le tonnerre écrase,
Et l’inventeur du feu puni sur le Caucase.
Mais dans l’Olympe un jour le Titan entrera ;
Ta chaîne, ô Prométhée, à la fin se rompra ;
Un dieu, déjà présent dans ton cœur prophétique,
Doit percer le vautour sur le gibet antique.
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