Et ceux qu’en pleine mer aperçoit le pêcheur,
De leurs flancs sur l’eau bleue étalant la blancheur ;
Et ceux, au pied léger, qui mènent sur les pentes
À la piste du cerf les meutes haletantes ;
Ceux qui forment en rond la danse sur les prés ;
Ceux qui, debout et fiers, dans les frontons sacrés,
Règnent sur les cités du haut des acropoles :
Ceux dont l’onde et le vent nous jettent les paroles.
Du sol hellénien, saintement parcouru,
Devant moi tour à tour les dieux ont comparu ;
Celui seul dont mon cœur implorait la venue
A trompé jusqu’ici ma recherche assidue.
« Dieux de l’antique Olympe, oh ? gardez mon encens ;
Les œuvres de vos fils vous révèlent puissants,
Et la Grèce par vous de la beauté fut mère.
Vous méritez de moi plus qu’un culte éphémère ;
Mais le destin m’entraîne au-devant de l’époux
Rayonnant d’un attrait qu’en vain je cherche en vous.
Nul de vous ne réveille, au fond de l’âme émue,
Tout le monde d’amour que cet autre y remue.
Triste, il a cependant des éclairs souverains :
Et ce regard profond manque à vos yeux sereins.
« Ah ! quand je vois glisser, au fond de ma pensée,
Ton ombre seule en moi vaguement retracée,
Toi qu’un rêve éternel me prédit pour amant,
J’en goûte plus d’extase et de ravissement
Que devant tous ces dieux, quand, aux clartés du temple,
Dans toute leur grandeur, mon esprit les contemple !
Dois-je à l’espoir d’hymen renoncer pour toujours,
Ô Dieu ! dont mon enfance a goûté les amours ?
Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/90
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.