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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/179

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Aller heurter du front notre spectre vivant…
Nous sommes les amitiés mortes.


VI ― VISION

 
Si ton cœur des vivants n’obtient plus de pitié,
Si, lorsque ton effroi nous invoque à leur place,
Le sépulcre jaloux, dont un sommeil de glace,
Retient tes amis morts et jusqu’à l’amitié ;

Moi, je veille et j’entends ! et du fond de la tombe,
Je suis toujours présente à mon poste éternel ;
Tes cris sont arrivés à mon cœur maternel ;
Et te poids du cercueil en vain sur moi retombe,

Je le soulèverai pour t’aller secourir !
Mon âme, en s’élançant, comme un feu du cratère,
Briserait l’épaisseur du ciel et de la terre,
Si Dieu, qui sait aimer, ne venait me l’ouvrir.

En vain un noir fantôme â tes côtés murmure,
En vain tout ce passé t’assiège en ton effroi,
Et les plus chères mains se dressent contre toi,
Je vis pour t’entourer d’une invisible armure.

Comme au temps où ma chair enfermait mon enfant,
Mon être entier frémit sitôt que tu tressailles ;