Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/178

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Pour donner le conseil avec le doux accueil ;
Leurs chères ombres sont absentes ;
Rien, pour eux, n’interrompt la morsure des vers :
Car on n’entend jamais, des tombeaux entr’ouverts,
Sortir que des voix menaçantes.


AUTRES MORTS


Nous sommes les plus froids d’entre les trépassés
Dormant dans la fosse éternelle ;
Nul cercueil n’a reçu nos cadavres glacés…
Mais ton âme les porte en elle.

Nos yeux sont sans regard, aussi bien que les yeux
Dont les vers ont creusé l’orbite ;
Nous marchons comme l’ombre, à pas silencieux…
Et pourtant notre chair palpite,

Nous vivions de ta vie, et le même soleil
Nous réchauffe encor l’un et l’autre ;
Quand la voix du passé vient troubler ton sommeil,
Elle interrompt aussi le nôtre.

Quand ce passé t’arrête et te force à songer
A la route par toi suivie,
Tu ne penserais pas à nous interroger,
Nous qui savons si bien ta vie.

Et pourtant, chaque jour, quand tu sors en rêvant,
Tu pourrais, en ouvrant tes portes,