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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/269

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Les bluets sont tombés et les pavots fleuris ;
Et le soleil de juin, piquant comme la flèche,
Sur leur couche de paille à l’instant les dessèche.

Le sol brûle ; on dirait que la flamme a passé
Sur le terrain, déjà blanchâtre et crevassé.
Les faux marchent toujours, allongeant derrière elles
Les rangs d’épis tombés en réseaux parallèles,
Et qui semblent de loin, tissu fauve et doré,
Des toiles de lin neuf qu’on blanchit sur le pré.

Dans l’air lourd plus de voix, hors le bruit des cigales
Frappant le ciel cuivré de leurs notes égales.
Entre les moissonneurs plus de joyeux propos ;
Il est temps que midi sonne enfin U repos.
L’œuvre languit ; la main, en essuyant la tempe,
Retombe mollement avec l’eau qui la trempe.
Les yeux cherchent ; voici, travailleurs aux abois,
Que vous voyez venir, par le sentier du bois,
Les rouges tabliers, les corbeilles couvertes
D’un linge blanc qui luit entre les feuilles vertes.
Des cris ont salué l’espoir du gai repas.
Vers l’ombre, au bout du champ, chacun marche à grands pas.
On s’assied. Les grands pains sont étalés sur l’herbe.
Le maître fait les parts, trônant sur une gerbe.
La fermière a servi les rustiques apprêts
Et rempli d’un vin clair les écuelles de grès.
Mais déjà, sous le chêne où la mousse l’invite,