Pressant comme la soif, le sommeil descend vite.
Près de l’homme endormi, lès marmots en éveil
Font leur moisson d’ivraie et de pavot vermeil.
Là, debout, lui montrant sa terre et sa chaumière,
Le fermier prend la main de la brune fermière.
Vois ces riches moissons ; vois, sous ces flots de blé,
Notre champ qui se dore :
D’une moisson d’amour le printemps a comblé
Mon cœur plus riche encore !
Viens ! pour payer les fleurs que tu m’offrais hier,
Qu’aujourd’hui tu me donnes,
Je veux, en épis mûrs, à ton front doux et fier
Rendre ici des couronnes.
Quand tu fuyais, sombre et cherchant
Un désert et des fleurs nouvelles,
Je t’ai dit : Ma vigne et mon champ,
Mes prés en cachent de plus belles.
Rien, dans ces lointains merveilleux,
Ne vaut les fruits, les blés qu’on sème
Dans le sillon de ses aïeux,
Et qu’on partage à ceux qu’on aime.