Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Elle a son poste ailleurs dans la bataille humaine,
Près d’une autre douleur qu’elle y doit secourir,
Dans son lointain pays, où son Dieu la ramène,
Elle a d’autres amours qui la feront souffrir.

Adieu ! je veux encor, pour épuiser mes larmes,
Visiter chaque place où nous avons aimé,
Tous ces lieux rayonnants d’un reflet de tes charmes,
Et mon cachot lui-même en Éden transformé.

J’ai revu nos sentiers, nos fleurs et nos retraites,
Ces bois où nous passions nous tenant par la main,
J’ai cueilli mon trésor de reliques secrètes,
Des jours évanouis j’ai refait le chemin.

Sous ta fenêtre, encore, un instinct me rappelle ;
Le pauvre y vient toujours, ami connu de nous ;
Je lui parle et je pleure, et, dans notre chapelle,
Sous l’arche où tu priais, je tombe à deux genoux.

Adieu ! je pars aussi, mon exil recommence.
La vie à mes terreurs s’ouvre comme un désert.
Je vais traîner partout ma solitude immense ;
La terre entière est vide à celui qui te perd.

Pour l’homme, ainsi tombé des cieux où tu l’enlèves,
Qui connut l’idéal avec toi visité,