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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/344

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Mon cœur, où nul désir n’a laissé de vestiges,
Des terrestres amours est guéri pour jamais !

Que sont leurs voluptés et leurs folles caresses ?
Ton plus chaste regard de chrétienne et de sœur,
Un mot tendre et joyeux, une main que tu presses,
M’ont fait vite oublier cette amère douceur.

Contre les faux plaisirs le bonheur est une arme ;
J’ai triomphé sitôt que ton sourire a lui ;
Mais je perds avec toi ma victoire et son charme ;
Tout mon cœur m’a quitté du jour où tu m’as fui.

Pourquoi vivre et lutter ; nulle espérance humaine,
Hormis ton seul amour, n’excite un rêve en moi.
Sous mon fardeau d’ennui que je soulève à peine,
Pourquoi marcher encor ? mon seul but, c’était toi ;

Toi, toujours impossible et toujours séparée ;
Toi, qu’il m’est interdit de servir à genoux ;
Toi, qui de ton Éden m’as défendu l’entrée,
Par ce seul mot : devoir, flamboyant devant nous !

Pourquoi vivre et traîner ma blessure éternelle,
Mes chastes souvenirs plus âpres qu’un remord ?
L’amour tel qu’on le sent, lorsqu’on est aimé d’elle,
Nous arrache à la terre et m’invite à la mort.