Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/86

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Belle et sans voile, ainsi qu’une jeune sirène,
J’ai vu Myrto tordant l’or de ses longs cheveux :
Des perles en tombaient et ridaient les flots bleus.
La blancheur de son corps par les rameaux couverte
Rend l’eau plus sombre autour et la feuille plus verte,
Et sur ses pieds de rose arrive en surnageant
Parmi l’or d’un fin sable une écume d’argent.
De ses yeux, de son sein et de ses tresses blondes
Un reflet émané flotte au-dessus des ondes ;
Et des ombres du bain sous le roc abrité
Cette molle lueur remplit l’obscurité.
Moi, je bénis tout bas l’invitante Naïade,
Et Pan qui me cacha sous cette ombreuse arcade,
Et les ardeurs de l’air -et la fraîcheur de l’eau,
Les saules sur le bain étendus en berceau,
Tous les dieux de l’été, ces conseillers propices,
Des larcins de l’amour joyeux d’être complices,
Et par qui, sans combats, des voiles trop discrets
La beauté se désarme à l’abri des forêts.


ERWYNN


Un jour, des passions brisant la coupe amère,
Las des bonheurs humains avec ennui goûtés,
Des promesses du cœur étouffant la chimère,
J’ai fui cet air épais qu’on respire aux cités.

J’ai cherché le désert, poussé vers la Nature