Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/103

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Mes yeux l’ont vu. Seigneur, maintenant à mes os,
Ma journée étant faite, accordez le repos ! »

Les soldats ont traîné le captif au cœur ferme
Hors de l’impure salle ; et sur lui se referme
Le cachot, noir sillon où, dans l’ombre jeté,
A germé si souvent le grain de vérité.
Et tandis que le saint, sur la pierre connue,
Prie à genoux, là-haut la fête continue ;
Ce festin éternel du riche et du puissant,
Dont l’insolente odeur jusqu’au pauvre descend ;
La salle en est de fleurs et de chants inondée,
Mais sur une prison elle est toujours fondée.


IV

Une plus large coupe et des vins plus ardents,
Aux trépieds ravivés les parfums abondants,
Les chants, les ris, l’éclat des trompettes de cuivre,
La nuit changée en jour dont la vapeur enivre,
Les bruits tourbillonnant, dans l’âme de chacun,
Ont fait taire l’écho du prophète importun.
Enfin, pour mieux chasser les visions moroses,
Au front des conviés renouvelant les roses,