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Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/104

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La danse aux pieds lascifs vient leur sourire, et mieux
Que l’ivresse du vin elle éblouit les yeux.

Cent beautés, par l’eunuque habilement choisies
Pour réjouir des yeux les folles fantaisies,
Esclaves de l’Euxin plus blanches que le lait,
Noires filles d’Afrique et Grecques de Milet,
S’élancent par essaim, par couple ou dispersées,
Ou formant des réseaux de leurs mains enlacées.

Blanche aux yeux d’escarboucle et presque enfant encor,
Leur belle coryphée aux épais cheveux d’or,
Fille d’Hérodiade et par sa mère instruite,
Mais insensible encore aux transports qu’elle imite,
Salomé vient offrir, en effleurant le sol,
Les charmes de sa danse ou plutôt de son vol.
C’est d’abord, vive et gaie, un oiseau sur les branches ;
Bientôt un long frisson fait onduler ses hanches,
Et son corps de serpent, s’agitant par degré,
Se déploie ou se tord sous l’aiguillon sacré ;
Ses bras s’ouvrent, son dos se renverse et se cambre ;
La fièvre de ses yeux frémit dans chaque membre ;
Elle bondit, tournoie, et sa prunelle en feux
D’un éclair circulaire entoure ses cheveux.
Puis s’affaisse et languit, et. doucement penchée,