Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/112

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Car vous êtes ma vie, ô mon fils ; il me semble
Qu’en ce paisible enclos nous grandîmes ensemble,
Que toujours je vous eus m’aimant et m’écoutant,
Et que j’ai commencé de vivre en vous portant.
Oui, Dieu, me visitant dans mon obéissance,
Mit la maternité si près de mon enfance,
Qu’avant l’heure où son fruit dans mon sein eût germé,
Avant vous, ô mon fils, je n’avais pas aimé,
Et qu’à votre berceau j’offris, tendre et jalouse,
Tout le cœur d’une mère et celui d’une épouse.

« Jésus ! depuis qu’un ange, éveillant mon émoi,
M’eut dit que c’était vous qui palpitiez en moi,
En vous seul et par vous je m’attriste ou m’égaie ;
Et, dès l’heure où le fils tend ses bras et bégaie,
Enfant dans vos baisers, jeune homme en vos discours,
Vous m’avez été bon et consolant toujours.
Votre cœur me parla dès que vos yeux s’ouvrirent ;
Par vous des jours mauvais les instants me sourirent,
Lorsqu’enfant, dans la vie entrant par un exil,
L’ange vos emporta vers les roseaux du Nil.
Vous sentiez mes douleurs avant de les comprendre ;
Par un mot caressant vous saviez tout me rendre,
Les pays, les autels pleurés par l’étranger.
Des plus secrets ennuis prompt à vous affliger,