Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/132

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Tous les cœurs séparés de vous et qui croiront
Trouver en eux leur vie et leur vertu, mourront ;
Ils sont pareils au fleuve, orgueilleux de sa course,
Qui refuserait l’eau jaillissant de la source.
L’humilité reçoit, à genoux sur le seuil,
Ce flot vivifiant rejeté par l’orgueil.
Sur l’homme humble et contrit vos présents se répandent ;
Car vous ne vous donnez qu’à ceux qui vous demandent.
Il suffit, en pleurant, de dire un de vos noms,
Et tout ce qui nous manque alors nous l’obtenons.
Autour de nous rôdant, l’Esprit de mort épie
L’heure où vous délaissez la maison de l’impie.
Telle, au soir, sur un mont d’abord clair et vermeil,
L’ombre envahit le flanc quitté par le soleil ;
Ainsi le morne enfer occupe chaque place
Des cœurs dont, à pas lents, se retire la grâce.
Versez-moi donc à flots ce rayon bienfaisant,
O mon père ! et dans moi soyez toujours présent.
Que le Verbe éternel votre fils et vous-même,
Ce fils que vous aimez, Seigneur, et qui vous aime,
Ne délaisse jamais mon cœur qu’il a fait sien :
Hors ce qu’il peut en moi, mon âme ne peut rien ;
Oui, je le sens, mon Dieu, cette chair qui le porte
Reçut, étant si faible, une tâche trop forte.
Soufflez-moi, chaque jour, votre haleine de feu,