Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/137

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Habile à préparer à chacun son écueil,
Dans l’homme il comprend tout… hors l’absence d’orgueil.


VI

Tous les anges au ciel, par instants soucieux,
Sur l’astre des douleurs jettent d’en haut les yeux ;
Le trône de Dieu même et ses vivantes flammes
Ne leur font oublier ce calvaire des âmes.
Oui, chaque être avec nous se relève ou s’abat ;
Le prix dépend pour tous de celui qui combat.

Oui, l’œuvre de salut ici-bas se consomme ;
Le sort même du ciel s’attache au Fils de l’homme ;
L’homme seul a reçu, pour être ici tenté,
Le fardeau de la croix et de la liberté ;
L’homme est le seul esprit qui souffre et qui mérite.
Des soleils habités la douleur est proscrite :
Notre globe, expiant pour les globes heureux,
Est tombé, se relève et triomphe pour eux.
Tout l’univers se lave à nos larmes fécondes :
Le sang des fils d’Adam coule pour tous les mondes,
Et Jésus, effaçant le sombre arrêt du dam,
Jésus saigne et combat pour tous les fils d’Adam.