Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/138

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Mais, du démon vaincu répandant la nouvelle,
Des messagers divins l’hosanna la révèle.
Le peuple des Esprits, tous les purs habitants
De ces soleils où règne un éternel printemps ;
Le radieux essaim des oiseaux de l’Aurore
Qui ne peut plus tomber, mais peut monter encore ;
Tous ceux dont notre chute attristait le bonheur ;
Les séraphins vivant de l’amour du Seigneur,
Et ceux que voit le ciel, en un moins doux partage,
Aimer moins ardemment et savoir davantage ;
Et tous les fils d’Adam qui vers ce jour si beau,
Aspiraient, enchaînés dans la nuit du tombeau,
Et qui, lutteurs aussi, vont, couronnés de nimbes,
Après ce grand combat sortir brillants des limbes ;
Tout être enfin sentant, quoique faible et puni,
Qu’un invincible espoir lui promet l’infini ;
Tout coin de l’univers que la pensée habite,
Où le désir de vie en un germe palpite,
Tout connut ce triomphe… excepté les humains ;
Car le glaive, toujours, doit veiller dans leurs mains.
Du repos énervant que pour l’âme il redoute,
Dieu veut nous préserver par la crainte et le doute,
Et, de peur de l’orgueil, il ne nous fait savoir
Qu’assez de nos grandeurs pour engendrer l’espoir.