Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/17

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oubliés. Les oiseaux du ciel et le poète y viennent ramasser leur part du bon grain. Nous y Sommes entré avec confiance, connaissant la bonté du maître à qui le champ appartient. Nous avons pu recueillir, dans ces épis abandonnés, non pas seulement une mystique nourriture pour l’âme et la volonté, mais un aliment pour 1’imagination et la poésie. Nous y avons cherché le pain vivant du citoyen de l’éternité, et celui du soldat de la cité des hommes ; le gâteau de lait et de miel que les enfants demandent à leur mère, l’aliment du penseur et celui de l’artiste épris des œuvres visibles de Dieu. Sans risque d’adresser à l’Évangile des questions indiscrètes et qui resteraient sans réponse, nous l’avons interrogé sur tous nos enthousiasmes et sur nos colères elles-mêmes ; sur la vie du foyer et sur celle de la place publique, sur la politique et sur l’art ; en un mot sur tout ce qui peut se trouver en apposition ou en harmonie avec l’idéal chrétien.

L’avons-nous bien sentie cette beauté chrétienne, et dans l’ensemble de ce livre, malgré telle ou telle défaillance de l’imagination et du style, l’avons-nous sainement exprimée ? Retracer pleinement d’après l’Évangile le type de Pâme et de la vie chrétienne, c’est plus que la poésie ne peut faire et nous n’y prétendons pas. Avons-nous, du moins, pour justifier notre essai, esquissé quelques-uns des traits essentiels de ce noble modèle ? Ne pouvant qu’effleurer ce champ de la vérité infinie, avons-nous su reconnaître ce qu’il importait le plus d’y recueillir pour nous-mêmes et de rappeler sans cesse aux hommes de notre temps ? Peut-être avons-nous eu ce dernier et mince mérite. Certaines critiques nous portent à croire