Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/222

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N’ont point de rage au cœur et point de larme à l’œil
En songeant, — ô penser qui ronge tes entrailles ! —
Que l’étranger dans l’ombre enserre nos murailles ;
Heureux, en attendant, si leur coffre s’emplit,
Si de leur vain savoir l’oracle s’accomplit.
Or, tandis que leur peuple, infidèle à sa gloire,
Ivre des vils poisons qu’eux seuls lui firent boire,
Les imite et dérive à ses mauvais penchants,
Quoique ennemis entre eux, sophistes et marchands,
Ils offrent, de son mal tous auteurs ou complices,
Le fer à ses douleurs ou l’éloge à ses vices.

Toi donc pleure, ô poëte, et ravive, en ce jour,
Tes imprécations… toutes pleines d’amour !

Qu’as-tu fait du Seigneur, peuple impie et frivole ?
Il t’avait confié son glaive et sa parole,
Son saint nom s’inscrivait par tes mains en tout lieu,
Tes œuvres se nommaient jadis l’œuvre de Dieu.
Qu’as-tu fait de ses dons, de son Verbe lui-même ?
Par tes lèvres l’esprit a soufflé le blasphème ;
Ta longue autorité sur toute nation
N’enseigna que le doute et la dérision.
Tes scribes, tes docteurs n’ont dressé ton génie
Qu’à lapider les saints et Dieu par l’ironie,