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Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/230

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Ah ! c’est là le trafic impardonnable, infâme,
Le trafic des poisons mêlés au pain de l’âme,
L’éloquence vénale aux lèvres des rhéteurs,
Ce Verbe impur, mortel au crédule acheteur,
Ce négoce éhonté du scribe à bout de rôles,
Jouant l’apostolat pour vendre ses paroles !
Entre les vils marchands qui souillent le saint lieu,
C’est là le plus maudit de la Muse et de Dieu.
Oui, c’est bien notre mal, la lèpre qui nous ronge.
Le sophiste chez nous fait argent du mensonge ;
De tout hors du plaisir enseignant le mépris,
Il débite aux enfants le blasphème à tout prix.
Ces hommes, énervant les cités les plus fières,
Y préparent le lit des races étrangères.

O Maître, votre cœur le jugeait bien ainsi,
Quand Sion l’accabla d’un filial souci,
Puisqu’au milieu des pleurs donnés à ses ruines,
La colère, — une fois, — arma vos mains divines ;
Et clémente autour d’elle à tant d’autres méchants,
Frappa du fouet vengeur et chassa les marchands.